« L'Église fait obligation aux fidèles de participer les dimanches et les jours de fête à la divine liturgie ». Cette injonction bien présente dans le Catéchisme de l’Église catholique (§1389), n’est certes plus très ancrée dans les mœurs aujourd’hui, y compris parmi les croyants. Pourtant, il existe des pays dans lesquels la messe dominicale voire quotidienne a toujours la côte ! C’est ce que révèle une enquête parue le 23 janvier 2023, réalisée par le Center for Applied Research in the Apostolate (CARA).

Succès de la messe en Afrique

Ce centre de recherche américain à but non lucratif et affilié à l’université de Georgetown, mène régulièrement des études sur le catholicisme à travers le monde. La présente enquête se concentre sur 64 pays/territoires où les chrétiens sont présents, fondée sur les données récoltées lors de la 7ème vague de la World Values Survey (Enquête sur les valeurs mondiales) entre 2017 et 2022. [1]

La France mauvais élève européen

Parmi les rares pays au-dessus du seuil des 50% de catholiques participant à la messe dominicale ou plus, seule la Pologne sauve l’honneur de l'Europe avec 52% de réponses positives d'après le CARA, suivie de près par la Bosnie Herzégovine (48%). La France détiendrait l’un des plus mauvais scores européens avec 7% d’adeptes de la messe au moins dominicale. Moitié moins que l’Allemagne avec 14%, devancée par l’Autriche (17%), le Portugal et la République tchèque (20%), la Slovénie et la Hongrie (24% chacune), le Royaume-Uni (25%), la Croatie et l’Espagne (27%), l’Albanie (29%), l’Italie qui atteint 34% et enfin la Slovaquie (40%). Globalement, cette étude confirme que les pays d’Europe de l’Est conservent le meilleur taux de catholiques pratiquants. Les catholiques de Suisse et de Lettonie ne sont pas beaucoup plus observants que les Français, avec 11% de réponses positives.

En Amérique du Nord, les catholiques mexicains sont largement en tête (47%), et ceux des Etats-Unis sont près de 30%. Les Canadiens vont le moins régulièrement à la messe (un peu moins de 14%). L’Amérique du Sud est plutôt bien représentée pour sa part avec la Colombie comptant 54% de catholiques pratiquants au moins hebdomadaires, l'Equateur (tout juste 50%), le Brésil (46%), la Bolivie (42%), le Pérou (33%), le Venezuela (30%), l’Uruguay (23%) et l’Argentine (21%). 

Le degré de pratique lié au PIB ?

L’enquête souligne qu’il n’y a pas forcément de corrélation entre la ferveur des catholiques et le degré de pratique. En effet, cette question leur était également posée : « Indépendamment du fait que vous alliez à l'église ou non, diriez-vous que vous êtes… une personne religieuse [entendre fervente, ndlr], pas une personne religieuse, un athée ou ne sait pas. » Le lien existe bel et bien pour les Pays-Bas, l'Argentine, l'Équateur, les Philippines, le Kenya et le Nigeria, mais pour d’autres, des écarts considérables apparaissent. C’est notamment le cas de l’Uruguay, avec 97% des catholiques qui se disent « fervents » et seuls 23% allant à la messe hebdomadaire, mais aussi dans plusieurs pays européens avec des rations presque similaires. L’Albanie, la Croatie, l’Italie ou la Pologne comptent chacune plus de 90% de catholiques se déclarant fervents pour à peine 30% de pratique au moins hebdomadaire. Il en va de même pour la France : 72% des catholiques s’y déclarent fervents, pour moins de 7% allant au moins à la messe dominicale.

Le lien semble plutôt s’établir entre le PIB par habitant et la régularité de la pratique. Plus un pays est « riche », moins ses habitants catholiques vont à la messe fréquemment… Ont-ils le sentiment d’avoir moins de raisons d’implorer le Ciel ? En tout cas il pourrait bien y avoir là l’une des explications à la désaffection croissante des églises en Occident. 

[1] Les chiffres pour certains pays comme la France, l'Espagne ou la Pologne n'apparaissent pas dans le tableau de la World Values Survey mais seulement dans le bilan de l'enquête du CARA.